Biographie Serigne Abdoul Ahad MBACKE

L’agriculture, le culte du travail et les Daaras

Au cours de la même année, il obtint de son oncle maternel Serigne Hamzatou Diakhaté une exploitation agricole offerte à ce dernier par Serigne Mouhamadou Moustapha Mbacké. Cette exploitation agricole faisait partie du village de Kaad Baloji, situé à 11 kilomètres de Touba.

Dame Touré et Thioumblène Khouma (ses compagnons de premières heures) s’occupaient essentiellement des travaux de ce vaste champ, avec l’appui spontané des habitants des villages environnants qui de temps à temps venaient volontairement leur donner un coup de main.

En 1937 il se déplaça avec sa petite famille vers une autre localité, dans la zone du Saloum appelé Guéloguel. Il avait en effet reçu de la part de Serigne Bassirou Mbacké un de ses grands frères avec qui il entretenait de très bonnes relations, des terres cultivables. Il y cohabitera avec Serigne Omar Mbacké fils de Serigne Mbacké Ibra de Mbacké Kadior. Guéloguel est par ailleurs le village natal de Serigne Sidy Mbacké le fils ainé de Serigne AbdoulAhad Mbacké, et son actuel khalif.

L’année suivante le khalife général des mourides devant se rendre dans une localité nommé Colobane pour une visite de travail (visite de ses fermes agricoles) et de courtoisie, Serigne Abdoul Ahad se distinguera par la qualité de l’accueil qu’il accordait à son grand frère, en compagnie de l’ensemble des dignitaires mourides des environs. Ceux-ci établis à Pen, Darou Ndiaye, Khayane, Mouré et Pané, étaient unanimes pour rénover le domicile de Cheikh Abdoul Ahad dans le but d’y recevoir leur hôte de marque.

A la tête du comité d’accueil, et en charge de toute l’organisation de la réception du khalife général des mourides de l’époque Serigne Abdoul Ahad reçu avec faste et dévotion, son grand frère et khalife Serigne Mouhamadou Moustapha Mbacké.

Quelques mois après cette brève visite, le premier khalife général des Mourides proposa à son frère Serigne Abdoul Ahad de procéder à l’exploitation de terres cultivables à Kaabou Gaye à 14 kilomètres de Ndande. C’était en 1939 et cette localité était devenue par la suite une de ses sphères d’influence dans le domaine du travail et de l’éducation morale et physique, sacerdoce du disciple mouride.

Il y fonda son second foyer. Les gens affluaient de tout bord pour lui rendre visite et solliciter sa bénédiction. En effet ils avaient eu l’occasion de le côtoyer et de découvrir ses sublimes qualités d’un fils de Cheikh Ahmadou Bamba. En outre, chaque jour, il recevait de nouveaux adeptes (talibés) désirant signer avec lui le pacte d’allégeance.

Cheikh Abdoul Ahad servait lui-même d’exemple du bon mouride en inculquant aux disciples qui le désirent, la devise du mouridisme : La foi en Dieu, l’assiduité dans le travail, la quête du savoir, la discipline, le respect de l’autre, et la rigueur. Grâce à ces valeurs morales et éthiques, il est devenu l’idole de tout le monde et son influence commençait à prendre une très grande ampleur sur toutes les couches de la société. Autrement dit; toutes ses entreprises gagnaient du terrain d’une façon exceptionnelle.

Là, dans cette contrée il reçu son grand frère Serigne Mouhamadou Moustapha Mbacké le premier khalife général des mourides qui y séjourna pendant trois jours accompagné de Serigne Omar Mbacké ainsi que d’’une forte délégation composée de notables et dignitaires mourides, sans compter ceux qui restaient à Ngaaye en attendant son retour. Cette rencontre était historique et tout à fait attendue depuis bien longtemps par les talibés mourides qui se ruaient avec enthousiasme pour assister aux festivités.

A part la visite de son khalife et grand frère, Cheikh Abdoul Ahad a également reçu dans sa retraite de Kaabou Gaye plusieurs membres de sa fratrie. Son frère aîné Serigne Fallou Mbacké y séjournera deux fois, de même que Serigne Saliou Mbacké (2 fois), Serigne Abdou Khadre (1 fois), Serigne Abdoulahi dit Borom Deurbi (1 fois). Serigne Mourtada Mbacké sera celui qui y séjournera le plus de fois (3 fois).

Il recevra également certaines de ses sœurs Sokhna Momi Mbacké, Sokhna Maïmouna Mbacké …

 En 1944 Serigne Mouhamadou Moustapha Mbacké conquit le village de Taïf et accorda à son petit frère Serigne Abdoul Ahad Mbacké l’autre bout de cette terre du Saloum. Ce dernier s’y installa avec un certain nombre de sa famille. La localité qui s’appelait Bocki Barga sera baptisé Darou Salam. Cheikh Abdoul Ahad y passera périodiquement des séjours mais aura toujours un pied au Cayor également. Les séjours s’alternaient donc.

 On le voit donc, Cheikh Abdoul Ahad a cheminé très tôt sur les sentiers de la perfection, en bon musulman, en bon mouride mais surtout en illustre fils de Cheikh Ahmadou Bamba.

Il a voué une admiration sans faille à son père au nom de qui il a entrepris d’intenses études, mais aussi à ses frères sous la férule de qui il a appris à développer l’autre facette du mouridisme, le travail, surtout le travail de la terre. De Kaad Balojià Bocki Barga en passant par Guéloguel et Kaabou Gaye il s’est évertué à travailler la terre pour participer à l’effort de financement des grands projets mourides dont le plus imposant était la construction de la Mosquée de Touba.

C’est en cela d’ailleurs qu’il faut expliquer la forte propension des mourides à travailler la terre. L’histoire du mouridisme était étroitement liée à l’agriculture. C’est que le produit de la vente des récoltes était directement versé pour le compte des chantiers de la grande mosquée de Touba.

De plus, dans le Sénégal de cette époque le poids financier du commerce d’arachide était entre les mains des paysans. Tous les fils de Cheikh Ahmadou Bamba et les Cheikhs mourides encourageaient donc les gens au culte du travail et à celui de la foi, la terre étant le principal terreau du développement certes, mais aussi le principal lieu d’application du culte du travail.

A Darou Salam son nouveau fief, les visites interminables des disciples se succédèrent de plus en plus. Il était côtoyépar tout le monde y compris des dignitaires et des gens qui n’étaient pas liés à la communauté des Mourides. Des Tijanes, Des Khadres, Des Layènes et des Niassènes viendront lui rendre visite et dans une parfaite courtoisie, Cheikh Abdoul Ahad leur rendait constamment la pareille et entretenait de très bonnes relations avec ces autres familles religieuses musulmanes du Sénégal.

Ces nombreux déplacements expliquent qu’il n’ait pu en 1952 recevoir son aîné et deuxième Khalife général des Mourides Serigne Fallou Mbacké qui s’est rendu à Darou Salam de façon inopinée pour se rendre compte de visu du travail que son frère y accomplissait.

Ce sera finalement l’année suivante en 1953 que Serigne Fallou sera accueilli à Darou Salam par Serigne Abdoul Ahad, une occasion pour ce dernier d’organiser un grand Ziar à l’endroit de son aîné et khalife des mourides.

Cette visite de Serigne Fallou Mbacké qui a duré trois jours sera une occasion pour les nombreux disciples et population de la localité et des environs, de saluer le chef suprême des mourides qui a 17h 30 ce jour là annonça qu’il allait prendre congé. A Serigne Mbaye Ngom qui viendra lui annoncer l’intention de Serigne Fallou de retourner à Touba, Cheikh Abdoul Ahad dira ceci : « Mon désir le plus ardent est d’entendre le khalife témoigner de mon engagement sincère ainsi que de ma conviction à travailler pour Chekh Ahmadou Bamba. Cela me suffira largement ».

Comme s’il l’avait entendu, Serigne Fallou prononcera cette phrase lorsque Cheikh Abdoul Ahad se présenta à lui : « Maintenant, il est venu pour moi le temps de rentrer à Touba, mais la seule chose que j’ai à vous dire est que j’atteste et signe que vous êtes sincère et fervent dans votre engagement envers votre père ». Ensuite Serigne Fallou pris congé de son cadet, tous les deux satisfaits de cette visite et de la communion qui les a réunie à Darou Salam.


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