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Serigne Modou MOUSTAPHA MBACKE Diambarou Cheikhoul Khadim MBACKE

La plus grande réussite à mettre à l’actif de Cheikh Mouhammadou Moustapha est, sans conteste, la construction de la Grande Mosquée de TOUBA.

C’était un projet tellement cher à Cheikh Ahmadou BAMBA qu’il en dira lui-même, bien avant sa construction, « L’Eternel m’a honoré pour l’éternité d’un édifice indestructible qui se dressera jusqu’au Paradis.  »

A l’endroit de ceux qui, de près ou de loin ont eu le bonheur de collaborer ou de participer à l’érection de l’ouvrage, le Cheikh a formulé les prières suivantes :

» Absous les volontaires qui ont bâti l’édifice si élevé de ma demeure, la Cité Bénite de Touba, de leurs pêchés du passé et de l’avenir ; absous tous ceux qui avaient la charge de l’ordonnancement des travaux de l’édifice de leurs pêchés initiaux et finaux.  »

» Absous également tous ceux qui leur sont venus en aide dans cet édifice qui, par Ta Gloire s’est érigé – Ô ! combien Majestueux – de leurs pêchés d’avant et d’après.  »

Le moment venu, Cheikh Mouhammadou Moustapha entreprit de s’atteler à la réalisation du vœu de son Père. Alors, devant lui, se dressèrent nombres d’obstacles et d’embûches tous plus ardus les uns que les autres. Mais, courageusement, opiniâtrement, avec détermination, il a réussi à les abattre les uns après les autres.

Lorsque, le vendredi 17 dhul – qi da 1530 H (4 Mars1932), il procédait à la pose de la première pierre de l’édifice en présence des Dignitaires du Mouridisme et d’une foule de Talibés enthousiastes, que d’obstacles il avait du abattre pour en arriver à ce jour et à ses fastes.

Il a du batailler ferme pour obtenir l’immatriculation du terrain devant porter l’ouvrage et l’autorisation de construire.

Ensuite l’Autorité Coloniale lui a imposé une condition qui, dans sa logique devait signifier le coup d’arrêt mettant définitivement fin au projet. Il ne s’agissait, ni plus ni moins, que de poser 50 km de chemin de fer, de Diourbel à Touba pour acheminer le matériel lourd nécessaire à l’entreprise. Dans les normes, seuls un gouvernement ou une société puissante pouvaient relever un pareil défi. C’était compter sans la détermination de Cheikh Mouhammadou Moustapha : dans un délai de loin inférieur à celui imparti par le Pouvoir Colonial et avec les seules ressources (humaines et financières) de la Communauté Mouride, l’ouvrage fut réalisé.

Enfin, il a eu à déjouer les manœuvres frauduleuses d’un certain Pierre Taillerie, Administrateur Colonial ayant revêtu le manteau d’entrepreneur pour se faire adjuger le contrat de construction de la Grande Mosquée. Très vite, il est apparu qu’on avait affaire avec un escroc qui croyait pouvoir s’enrichir sans risque en misant sur l’ignorance du droit de ses victimes et surtout sur la peur qu’elle devrait normalement avoir de traîner un blanc devant les juridictions, aussi bien coloniales que métropolitaines.

Par sa détermination Cheikh Mouhammadou Moustapha obtint la condamnation de Taillerie. Les travaux de la Grande Mosquée reprirent de plus belle et les Talibés continuèrent de rivaliser d’ardeur et de sacrifice pour la réussite de l’entreprise.

Le Vendredi 7 Juin 1963, jour de l’inauguration de la Grande Mosquée par Cheikh Mouhammadou Falilou le digne successeur de Cheikh Mouhammadou Moustapha, tous les cœurs, à l’unanimité, se sont souvenu, avec émotion, du premier Khalife de Khadimou Rassoul, disparu le 13 Juillet 1945, alors que l’édifice avait déjà pris forme : les fondations en étaient achevées et les murs avaient atteint la hauteur d’une terrasse. L’image d’un travailleur infatigable, d’un érudit possédant à la perfection les Sciences Coraniques et la langue arabe planait sur l’assistance.

L’on gardait encore en mémoire la célébration du Premier Magal après Serigne Touba dès 1928 (dans le sillage du Fondateur qui l’organisait lui-même), point de départ d’une tradition solidement établie de nos jours et qui est devenu l’un des événements les plus importants du monde musulman.

Où qu’on puisse poser le regard, aussi loin que porte la vue, tout évoque la puissante stature de Cheikh Mouhammadou Moustapha : c’est lui qui a fait de TOUBA la métropole religieuse, la ville sainte, la capitale du Mouridisme qu’elle est devenue et qui lui doit son premier forage qu’il fit installer à NDAME. C’est lui qui a crée chez les Mourides ce goût prononcé du travail, cette détermination à vivre honnêtement du fruit de son labeur et cette volonté de vivre en parfaite conformité avec les enseignements du Cheikh. Ce n’est pas hasard si, sous son impulsion, le Baol est devenu le principal producteur d’arachide. Lui-même a eu à être décoré de la Médaille du Mérite Agricole.

Malgré la Crise des années 1930 et les effets négatifs de la Seconde Guerre Mondiale sur l’économie en général, le terroir mouride est demeuré riche, prospère, irrémédiablement inscrit dans une logique de travail, de discipline et de ferveur religieuse, grâce à l’enseignement de Serigne Touba relayé par Cheikh Mouhammadou Moustapha. On se souvient que c’est lui que le Cheikh avait désigné pour remettre à l’Administration Coloniale la somme de 500 000 francs dans le but d’aider à relever la monnaie française menacée d’effondrement. Quel bel exemple de sagesse, de dépassement et de générosité à l’endroit d’un système qui pourtant, à l’égal d’un ennemi déterminé, s’est toujours évertué à nuire ou à porter préjudice à la Communauté et à son Guide.

L’on ne peut regarder le rail à Touba, l’on ne peut se recueillir dans la Sainte Mosquée, l’on ne peut traverser Darou Khoudoss le cœur de Touba sans évoquer cette grande figure de l’Islam Universel dont les jeunes générations ne connaissent à travers les photographies, qu’un visage empreint de bonté et de sérénité et tout baigné de la lumière de Serigne Touba à la tête enveloppé d’un turban, toutes choses qui corroborent les témoignages de ses contemporains le décrivant comme un travailleur infatigable, résolument détourné des mondanités, uniquement préoccupé des préceptes de l’Islam et entièrement dévoué à la mémoire de son Père. Il pilotait personnellement les travaux de la Grande Mosquée et n’hésitait pas, à l’occasion, à mettre la main à la pâte.

C’est cet homme réputé pour son équité, son sens de l’humain et qui ne faisait pas de différence entre le puissant et le pauvre que les talibés évoquent encore aujourd’hui en le désignant affectueusement et nostalgiquement sous les surnoms de Amdy ou de Ndiagne pour faire allusion à son abondante chevelure.

Nul doute que son œuvre est agréée et que son Père est satisfait de lui, tout autant que sa sainte descendance et ses vaillants frères qui, après lui, sur son exemple, ont porté haut le flambeau transmis par le fondateur.

 


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