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S. Chouhaybou MBACKE (1916-1991) : Son apprentissage

Sa première leçon du Saint Coran lui fut administrée par son illustre père et guide spirituel qui le fit à venir à Diourbel en compagnie de son oncle Serigne Hamzatou DIAKHATE avec lequel il réside à Touba. Le cheikh lui prépara du thé de ses propres mains et par la suite lui offrit comme cadeau les accessoires (théière, tasses, plat) en guise d’encouragement à son apprentissage coranique.

Malgrè son jeune âge, il subissait de la part de son père des questions pertinentes auxquelles son oncle répondait. Parmi ces questions, on peut en noter : « Sais tu pourquoi j’ai fais tout ça pour toi ? » L’oncle répondit à sa place : « non, pas du tout ». Le Cheikh s’adressa alors à son fils qui se déplaçait en faisant des vas et viens à travers la chambre de son père, utilisée également comme bibliothèque et lui dit : « Je prie le Très-Haut pour que tu réussisses dans le perfectionnement du Saint Coran ainsi que de la jurisprudence islamique (Fikh). Je souhaite également que tu aies un avenir prospère et un grand succès dans toutes tes entreprises mais, dans le reste de ta vie, je te conseille de ne pas te préoccuper que de la transmission du savoir aux gens, sans aucune distinction ».
C’est la raison pour laquelle, plus tard, Il s’adonnait passionnément, à l’enseignement du Saint Coran et des sciences religieuse, en parallèle avec l’éducation civique et mystique, selon la tradition musulmane.

Les présents reçus de son illustre père était comme la prémonition de ce qu’il fit par la suite de son existence sur terre. Pour servir du thé, il fallait d’abord savoir en faire avec les ustensiles reçus en cadeau. Ensuite ces mêmes ustensiles servent à servir le thé aux convives. De même pour pouvoir dispenser la science religieuse, il faut au préalable l’acquérir, la maîtriser et avoir le cœur de la partager avec d’autres.

A la suite de cet entretien fructueux, le Cheikh confia son fils à Serigne Hamzatou DIAKHATE en lui disant ceci : « Je ne te confie pas mon fils parce qu’il est ton propre neveu mais, parce que je t’ai donné une bonne éducation conformément aux valeurs purement islamiques et soufies. Comme tu le sais, le temps ne me permet pas d’en faire de même et comme il le faut. Donc c’est à toi de le faire pour lui ainsi que pour ses autres grands frères ». Il s’agissait là de Serigne Abdou Samad, Serigne Abdoul Ahad et Serigne Saliou, tous internés dans la concession de Serigne Hamzatou à Touba Mbacké.

Quelques jours après leur retour de Diourbel, l’oncle se rendit compte de la difficulté de la tâche, lui en même temps était tout le temps sollicité par le Cheikh pour des commissions. Il décida alors à son tour, d’amener chez lui un de ses cousins appelé Al-Hassan DIAKHATE fils de Diambar DIAKHATE. Celui-ci était un maître de talent, très compétent en matière d’enseignement et d’éducation. Il était aussi un érudit de renom désigné par Serigne Hamzatou comme enseignant pour Serigne Chouaibou et ses trois frères cités plus haut.

Au bout de trois ans d’études, Serigne Chouaibou parvint à maitriser extraordinairement le Saint Coran et le récite par cœur sans aucune contrainte. Par la suite, il l’écrit de ses propres mains sans le recopier c’est-à-dire sans le regarder dans un autre livre, suivant en cela la traduction des Daaras(écoles) appartenant aux mourides.

Le manuscrit ainsi rédigé, ne sera pas lu par le Cheikh, comme il en recevait d’habitude lorsqu’un de ses enfants accomplissait ainsi son devoir. Entre temps, Cheikh Ahmadou Bamba avait fini sa mission sur terre.

C’est Serigne Mouhamadou Moustapha MBACKE le fils aîné et le premier Khalife de Cheikh Ahmadou Bamba qui reçu le manuscrit « Kaamil » (Coran) de Serigne Chouaibou et ceux de ses quatre frères énumérés là-dessus. La présentation de leurs manuscrits qui témoigne du succès enregistré dans leur apprentissage coranique et leur éducation musulmane signifiait également pour toute la fratrie, le pacte d’allégeance qu’ils se devaient de présenter à leur aîné et premier Khalif général des Mourides, Cheikh Mouhamadou Moustapha MBACKE qui venait ainsi d’être intronisé comme successeur de Cheikh Ahmadou Bamba.

Mouhamadou Moustapha MBACKE les reçu dans son propre fief à Tinedody (Housnoul Maa-Ab qui signifie l’avenir prospère) localité située à quelques kilomètres de Touba la Sainte. Il apprécia le travail d’écriture du Coran auquel ils s’étaient tous attelés avec succès. Il s’occupa d’eux avec beaucoup de soin et les installa auprès de lui pour compléter leur cursus.

Ils furent ainsi confiés par leur aîné et Khalif à Makhtar DIENG, originaire de Gouyar DIENG qui était un grand érudit d’une profonde connaissance des sciences religieuses et de la littérature arabe. Ce dernier leur inculqua les principes de la jurisprudence islamique ainsi que la langue arabe. En une année d’apprentissage intensif, l’assimilation de plusieurs ouvrages sources de la connaissance islamique leur fut acquise.

Le Khalife leur fit revenir prés de lui à Touba où il leur recommanda un autre professeur de grande envergure, déplacé de Mboul-Kayal exclusivement pour leur dispenser des cours dans différentes matières. Celui-là s’appelait Serigne Habibou MBACKE. Il cohabitait avec eux à Darou-rahmane ou Darou-nar actuellement connu sous le nom de « Keur Serigne Chouaibou ».

Après ses études supérieures, Serigne Chouaibou s’est consacré durant toute sa vie à la recherche du savoir pour le propager ensuite à tout le monde. Malgré son état de soufi convaincu, on trouvait en lui également un homme d’humanisme, de lumière et de grande culture, très ouvert au vrais sens du mot.
D’une saine curiosité, il s’intéressait à plusieurs sujets, avait le sens de l’écoute et avait un penchant pour la médecine.
Il était très fréquenté par toutes les couches de la nation sénégalaise et d’ailleurs, entretenait surtout des relations saines et fréquentes avec les Oulémas et les grands dignitaires des autres confréries du pays tels que Serigne Hady Touré Serigne Abass Sall de Louga, etc.

Serigne Chouaibou MBACKE entretenait également d’excellentes relations non seulement avec sa fratrie mais, aussi avec la communauté Mouride dans son ensemble : Son cercle d’étude en était l’exemple parfait. Ce cercle de jeunes en quête du savoir coranique et de la science islamique était constitué par la majeure partie des fils d’adeptes de la confrérie mourides et d’autres disciples qui y étudiaient, venaient s’abreuver à sa science. La quasi-totalité des petits fils de Serigne Touba ainsi que ceux de ses compagnons de premières heures, ont fair l’école de Serigne Chouhaibou MBACKE, preuve de son relationnel et de son ouverture. Surtout de sa volonté de partager sa science.

Il jouissait d’une grande confiance et d’un grand respect de la part de tous ses frères et sœurs qui, comprenant ses multiples occupations, notamment au service de la science, lui on fait le privilège de ne jamais solliciter de sa part des visites et déplacements. Le Cheikh qu’il était recevait, et se déplaçait très peu. En tant qu’Imam de la mosquée qu’il avait érigée, il y dirigeait les cinq prières quotidiennes, des moments forts de ses journées, essentiellement consacrés à l’adoration de son Seigneur.

Nul doute qu’il assurait avec justesse, la continuité de la mission de son illustre père sur terre en incarnant d’une manière effective, ses valeurs éthiques et mystiques. Son père (le fondateur de la Mouridiya) disait dans l’un de ses poèmes « Ce que je considère comme mon legs personnel, autrement dit mon véritable héritage, après mon existence physique, ne sera que la revalorisation des commandements de DIEU à travers le Saint Coran, la tradition du Prophète Mahomet et le consensus de Oulémas. Héritier de moi, ne signifiera pas cumuler l’or l’argent ni de les épargner comme biens matériels de ce bas monde »


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